Le confinement : éloge de la lenteur et résilience du quotidien

Une décision du Président de la République aura eu comme conséquence inédite une restriction presque absolue de la liberté fondamentale et constitutionnelle des concitoyens à savoir d’aller et venir sur le territoire. Cette disposition exorbitante de droit commun entrée en vigueur par un arsenal juridique minimaliste ouvre une parenthèse sociétale inédite dans laquelle on se doit de déceler dans les interstices d’une catastrophe sanitaire menaçante, quelques indices d’un possible monde meilleur.

Avant de se retirer du monde et de ne penser qu’à flemmarder dans son immense lit, Alexandre le Bienheureux travaille dur dans sa ferme sous la tyrannie de sa femme. Un événement triste va par miracle le libérer de ses chaînes. Devenu veuf, le cultivateur prend sa revanche et s’enferme dans sa chambre pour y dormir toute la nuit et surtout toute la sainte journée. Une position volontairement allongée qui déplaît fortement aux gens du village qui dorénavant vont tout tenter pour ramener la brebis égarée dans le droit chemin d’un civisme laborieux.

A l’orée d’une période de confinement inédite, dans ce temps de responsabilité et d’auto surveillance, peut-être devrions-nous apprivoiser l’ennui comme une porte vers l’imaginaire et le retour sur soi comme une route vers nos valeurs essentielles.

Ce temps suspendu, ce temps de guerre selon les termes du Président de la République, est aussi un temps de retrouvailles qui incite à la solidarité et, pour certains et de façon paradoxale, un temps de l’insouciance en parlant avec légèreté et humour d’une situation grave et angoissante. La dureté du dehors et la douceur du dedans forment les deux faces de ce nouveau visage sociétal.

La bulle du confinement, plus qu’une plaie, devrait être une aubaine pour mener à bien nos projets. Elle convoque celui de l’acceptation de l’ennui, au confinement duquel se trouve l’imaginaire et sa construction d’histoires extraordinaires et rocambolesques. Ce temps commande un inconscient poétique en chacun dont il convient de se saisir et apprivoiser.

Certes, les outils de socialisation en ligne se développent, des outils collaboratifs salutaires comme marqueurs d’un lien social, d’une part d’humanité. Cependant, par la fermeture des bars, des restaurants, des parcs ou encore des plages, cette période annihile l’environnement du divertissement et des rencontres au profit des seuls lieux essentiels à la survie sanitaire et économique de la Nation.

Désormais, la proximité, le mélange ou encore la fusion qui sont l’essence des relations interpersonnelles postmodernes laissent place à une distance imposée, à une interaction épisodique et temporaire.

Finalement, gageons que cette période puisse faire émerger et pérenniser des pratiques jusqu’alors trop souvent laissées sur le bas côté de l’autoroute de notre quotidien à savoir prendre soin de ses proches ou communier avec la nature ainsi que des valeurs d’altruisme, de générosité et de compassion

Pour reprendre les mots de Jacques Attali, espérons que cette parenthèse nous concentre « sur le bon temps, celui de notre vie quotidienne, qu’on ne doit plus perdre dans des activités futiles. Celui de notre vie personnelle, qu’on peut allonger en y consacrant plus de moyens. Celui de notre civilisation enfin, qu’on peut préserver, en cessant de vivre dans l’agitation, la superficialité, et la solitude. Dans un tout nouvel équilibre entre nomadisme et sédentarité.« 

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