Plaidoyer national pour une reprise concertée de l’économie bleue

A la sortie de la crise sanitaire, les entreprises de l’économie de la mer seront, à l’image de l’ensemble du tissu économique national, fortement en difficulté. Le transport maritime, les activités portuaires, la construction navale, le nautisme, la plaisance, la pêche, l’aquaculture, les énergies marines renouvelables, sont soumis à la violence de la même tempête. A ce titre, une large consultation nationale vise à dessiner les contours d’un plan de relance de l’économie bleue.

Depuis la mise en oeuvre de l’état d’urgence par la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 pour faire à la pandémie, l’économie française s’est confrontée à une même détresse sanitaire, sociale et économique, à laquelle n’échappent pas les filières maritimes.

Si les mesures de restriction ont suscité de nombreuses interrogations légitimes, auprès des professionnels et des particuliers, le jour d’après et du déconfinement maritime soulève peut-être encore plus d’inquiétudes pour l’ensemble de la communauté maritime.

Cette consultation nationale vise à produire une vague de réflexion et de solidarité maritime entre l’État, les Régions, les collectivités locales, les professionnels et les usagers afin de relancer l’économie bleue, maillon fort de l’économie française.

Elle est lancée à l’initiative de la Députée de Gironde, Madame Sophie PANONACLE et des députés de la Team Maritime en partenariat avec le Cluster Maritime Français, dont l’objectif est de promouvoir une véritable politique de la mer pour la France, en interaction constante avec les acteurs maritimes publics comme privés

Nous aurons réussi quand la France ne se définira plus comme des terres, continentales et insulaires, entourées de mer, mais comme une terre, une seule et même terre de France, entourant toutes les mers

Discours d’Edouard Philippe, Assises de l’Economie de la Mer, 2017

Le défis de cette consultation est de rassembler un ensemble d’acteurs hétérogènes, tant dans leur statut, leurs attentes que leurs besoins, afin de mutualiser les connaissances, favoriser les interactions entre pouvoirs publics et entreprises privées et enfin dessiner des chemins de solutions sur la voie de la transition écologique, numérique et sociale.

Economie fluviale

La France se place parmi les leaders européens du tourisme fluvial . Chaque année, près de 15 000 plaisanciers privés choisissent de naviguer sur les eaux intérieures pour des activités nautiques qui recouvrent des pratiques très variées comme des promenades courtes de quelques heures à plusieurs jours, ou des navigations de plusieurs semaines voire de plusieurs mois.

Les Voies navigables de France ont mis en place plusieurs mesures destinées à respecter les restrictions de déplacements demandées, à préserver la santé de tous et concourir à limiter la propagation du virus.

Il sera nécessaire de repenser entièrement le modèle économique du tourisme fluvial.

Selon Didier LEANDRI, Président des entreprises fluviales de France, en tant que les services liés au transport de personnes et au tourisme sont intégralement suspendus, la filière pourrait mettre des années pour retrouver le niveau d’activité antérieur à la crise.

En revanche, à l’inverse de la location maritime, le fluvial par sa dimension de proximité et de déplacements limités, pourrait plus aisément reprendre son activité.

Construction navale

Les chantiers de la construction navale, petits et grands, dont les carnets de commandes sont plutôt florissants, subissent de plein fouet la crise sanitaire.

François LAMBERT, Délégué Général du GICAN, énonce que les difficultés sont notamment liées à l’exercice du droit de retrait, évoqué au sein de plusieurs chantiers navals.

Une grande attention doit être portée à la relance, notamment sur les aspects liés au soutien, à l’innovation et à la trésorerie. La crise pose également la question de la relocalisation

Industries Nautiques

Avec un chiffre d’affaires global dépassant les 5 milliards d’euros en 2019 et un nombre de plaisanciers atteignant les 13 millions, l’enjeu économique du nautisme est majeur.

Comme le rappelle Yves LYON-CAEN, Président de la Fédération des Industries Nautiques, le nautisme se compose de quatre grands domaines que sont l’industrie, les commerces, la location maritime et la location fluviale.

La location maritime est sans doute celle qui souffre le plus de la situation. Le cumul des annulations et l’immense incertitude sur la capacité de remettre en place certaines liaisons aériennes, même de court/moyen courrier, sont particulièrement en cause

Face à la crise, la Fédération des Industries Nautiques a réuni une centaine d’acteurs professionnels pour des études prospectives et mettre en place des stratégie de reprise notamment dans une filière mondialisée

Une question importante est celle du passage d’une logique de confinement collectif à une logique de dépistage individuel avec une activité par essence sans frontière et des navires en partance et provenance de divers pays

Ports de plaisance

Selon le Serge PALLARES, Président de la Fédération Française des Ports de Plaisance, les ports de plaisance enregistrent une baisse d’activité d’environ 20% depuis le début du confinement, des pertes au niveau des abonnements saisonniers et des impayés sur les prélèvements automatiques mensuels des plaisanciers

Les ports de plaisance doivent également se confronter à un enjeu humain relativement imprévu à savoir le confinement massif de plaisanciers dans les bateaux présentant une forte promiscuité et un frein au respect des gestes barrière

La Fédération mentionne un nombre croissant de plaisanciers inquiets de pouvoir ou non assumer financièrement leur bateau après la crise ce qui fragiliserait encore davantage la filière dans ses tentatives de relance.

La question des exonérations et des reports pendant l’après-crise sont des sujets qui seront très importants pour la reprise

Sports nautiques

A l’instar de la plaisance et du nautisme, le sport de voile et de glisse est fortement impacté avec d’une absence d’activité estivale dans les différents clubs, notamment du fait de mesures trop restrictives sur les accès aux plages et aux rassemblements.

Yachting

L’impact de la crise sur l’industrie du yachting professionnel est conséquente pour les professionnels en charge de l’entretien des navires durant leur hivernage, les marins et personnels à bord lors des périodes de navigation ainsi que par cascade l’ensemble de la filière notamment les sous-traitants et avitailleurs.

Laurent FALAIZE, Président du Cluster Riviera yachting Network souligne la nécessite de mettre en oeuvre au sein du Yachting les moyens et la capacité de travailler dans le respect des strictes conditions sanitaires.

Enfin, le yachting soulève la problématique du caractère éphémère et interdépendant de sa population avec les pays frontaliers ainsi que des protections sociales très inéquitables face au risque sanitaire

Appel à contributions

En tant que vecteur d’informations et acteur tant dans la compréhension de la réglementation que dans les réflexions économiques, juridiques et sociales qui accompagnent les mutations du nautisme et de la plaisance, ceci par le biais de nos publications et l’organisation de nos événements nationaux, il nous semble naturel de collaborer à cette consultation nationale et de relayer l’appel à contributions.

Vous pouvez nous transmettre vos réactions, témoignages et idées pour un nautisme de l’après déconfinement, qui sera nécessairement différent et espérons innovant, en nous contactant

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