Vendée Globe : le sauvetage épique par Jean le Cam du skipper Kevin Escoffier

Le Vendée Globe est bien plus qu’une course autour du monde en solitaire, sans escale ni assistance. C’est une aventure où les voiliers sont jetés sur les océans du Globe comme des dés soumis à la loi du hasard, soumis aux éléments qui se chargent de déjouer les ambitions des impétueux qui s’y aventurent. La nuit du 1er décembre 2020 marquera l’histoire du Vendée Globe par le sauvetage épique et victorieux du Malouin Kevin Escoffier récupéré par le skipper Jean le Cam, alors qu’il était réfugié dans son radeau de survie au milieu des 40ème rugissants.

Vous voyez les films sur les naufrages ? C’était pareil en pire !
C’était Verdun sur l’eau. 

La nuit du 1er décembre 2020 marquera sans nul doute l’histoire du Vendée Globe après que le skipper Jean le Cam ait réussi le sauvetage de son ami Kevin Escoffier, réfugié dans un radeau de survie, balayé par les vents et des vagues de plusieurs mètres, pendant que son navire coulait dans les 40eme rugissants

Lundi 30 novembre, il est 14h46 heure française quand Kevin Escoffier déclenche sa balise de détresse expliquant qu’il avait de l’eau dans le bateau et être contrait de le quitter. Les secours se mettent en place et la Direction de course ordonne le déroutement de Jean le Cam à 01h15 heure française, après avoir reçu la position par le CROSS Gris Nez, émise par la balise de détresse du bord.

Le skipper se rapproche de la dernière position connue du bateau signalé à la position 40°55 Sud et 9°18 Est au moment de son déclenchement, à 600 milles dans le Sud-Ouest du cap de Bonne-Espérance. Sur place, il navigue alors avec 3 ris dans la grand-voile, afin de rester mobile dans des vents de 20 nœuds, et des creux de 5 mètres.

Jean le Cam arrive à établir le contact visuel ave le skipper Malouin ainsi qu’un échange vocal, mais il perd le radeau de survie lors d’une manœuvre pour revenir au plus près du radeau, d’autant plus que les conditions sont difficiles et qu’il éprouve des problèmes moteur.

Alors que trois autres skippers sont déroutés pour renforcer les recherches, afin de mettre en place un process fin de quadrillage de la zone, Jean le Cam renoue le contact visuel de nuit et parvint à secourir Kevin Escoffier.

Le Directeur de course, Jacques Caraës, témoigne :

A 02h06 heure française, heure à laquelle il a dû précisément récupérer Kevin à son bord, Jean est redescendu à la table à cartes, puis nous avons vu Kevin arriver dans son dos en combinaison de survie. Ils sont apparus quelques secondes, en forme tous les deux avant que la vidéo ne coupe.

Peu de temps après sa récupération, le skipper Kevin Escoffier raconte son naufrage

C’est surréaliste ce qui s’est passé. Le bateau s’est replié sur lui-même dans une vague à 27 nœuds. J’ai entendu un crac mais honnêtement, il n’y avait pas besoin du bruit pour comprendre. J’ai regardé l’étrave, elle était à 90°. En quelques secondes, il y avait de l’eau partout. L’arrière du bateau était sous l’eau et l’étrave pointait vers le ciel. Le bateau s’est cassé en deux en avant de la cloison de mât. Il s’est comme replié. Je vous assure, je n’exagère rien… il y avait un angle de 90° entre l’arrière et l’avant du bateau. Je n’ai rien eu le temps de faire.

J’ai juste pu envoyer un message à mon équipe : Je coule. Ce n’est pas une blague. MAYDAY

Entre le moment où j’étais sur le pont en train de régler les voiles et le moment où je me suis retrouvé en TPS, il s’est passé même pas deux minutes. Ça a été d’une rapidité extrême.

Je suis sorti du bateau, j’ai enfilé comme j’ai pu la combinaison de survie.  J’ai vu de la fumée, l’électronique qui cramait. Tout s’éteignait.  Le seul reflexe que j’ai eu a été d’attraper le téléphone pour envoyer ce message et prendre la TPS que je ne matosse jamais. J’ai voulu prendre le sac de survie mais je n’ai pas réussi car l’eau montait.

J’ai pris le bib (radeau de survie) à l’arrière. Le bib avant n’était pas accessible, il était déjà trois mètres en dessous de l’eau. L’eau était dans le cockpit jusqu’à la porte.

J’aurais voulu rester un peu plus longtemps à bord mais je voyais bien que tout allait très vite et puis je me suis pris une déferlante et suis parti à l’eau avec le radeau.

Quand je me suis retrouvé à bord avec Jean, nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre. Il m’a dit « Putain, t’es à bord ! C’était chaud ! »

Ce sauvetage illustre que la solidarité des gens de mer face aux drames et accidents maritimes n’est pas un vain mot.

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